Quels KPIs éco-logistiques pour le transport et comment les mesurer ?

Mesurer l’impact environnemental de ses transports de marchandises n’est plus une option. Ils représentent à l’international 30 % de toutes les émissions de CO2 liées au transport, et plus de 7 % des émissions mondiales. L’UE impose une réduction d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et demande la neutralité climatique d’ici à 2050. Réduire les émissions liées au transport est donc une nécessité, de plus en plus réglementée par les États.
Les consommateurs, quant à eux, sont de plus en plus demandeurs de transparence au sujet de la décarbonation: ils veulent pouvoir choisir des livraisons plus vertueuses. D’après une enquête DCbrain, menée sur un panel Toluna de 1500 consommateurs en Novembre 2022, 60% d’entre eux aimeraient connaître l’impact environnemental global de la livraison de leurs produits. Les sujets de mobilité s’introduisent dans les dossiers RSE et les donneurs d’ordre imposent progressivement des critères écologiques dans leur choix de transporteurs et leurs process. Mais quels sont-ils et comment les mesurer ? C’est là tout l’intérêt de la définition en amont de KPIS éco-logistiques.

Quels leviers d’action pour réduire ses émissions dans le transport ?

Pour mesurer l’évolution de son empreinte environnementale, il faut connaître les moyens d’action qui permettent de la réduire. Ils peuvent être du ressort du mandataire, du transporteur ou dépendre d’autres facteurs ou sociétés externes. On parle alors de leviers directs ou indirects. 

Leviers directs :
Pour réduire ses émissions, il est possible d’agir simultanément en interne sur :

• Les distances parcourues

Ces distances peuvent être réduites au niveau tactique en restructurant son schéma de transport, ou au niveau opérationnel en optimisant les itinéraires. Dans les deux cas, elles permettent de réduire le taux d’émissions de CO2, ainsi que vos coûts de transport. La massification des flux, l’acheminement entre les plateformes, les réseaux de dépôts et le sourcing local sont autant de facteurs qui vont améliorer cette donnée.

• Les modes de transport utilisés et leur efficacité énergétique

À ce niveau, les deux grandes pistes possibles sont :
– le report modal, en optant pour le fret ferroviaire, le fluvial et/ou la cyclo-logistique
– l’utilisation de véhicules plus propres avec une plus faible teneur en carbone (électrique, biogaz) et/ou une plus grande efficacité énergétique, mais les délais peuvent être très longs pour moderniser sa flotte.

• Le taux de chargement et les kilomètres à vide

En groupant et en optimisant à kilomètre constant le remplissage de vos transports, vous diminuez le taux d’émissions par produit transporté. Un plan de transport optimisé, incluant des déposes et collectes simultanées, vous permet également de réduire les kilomètres à vide. Vous pouvez également y associer les retours produits et favoriser l’économie circulaire.

• L’emballage 

Vos moyens de transport peuvent être parfaitement remplis… avec du vide. C’est ce qui se produit lorsque les contenants sont disproportionnés par rapport aux contenus. En adaptant les emballages aux contenus, vous :
– augmentez de facto le nombre de colis pouvant être transportés par véhicule,
– diminuez vos besoins en ressources (véhicules et chauffeurs)
– réduisez les émissions issues de la production de ces emballages jetables. 

Les leviers indirects :
Au-delà de ces leviers directs, d’autres facteurs influent sur l’impact environnemental des transports. Les transporteurs et chargeurs ne sont souvent qu’un maillon dans la chaîne de transport de marchandises. Pour mesurer l’impact de ses transports, il est nécessaire de connaître ce qui se passe à chaque bout de la chaîne. 

• La provenance des marchandises transportées et leur mode d’acheminement

Vous pouvez réduire l’impact environnemental de vos livraisons du dernier kilomètre, mais si les marchandises transportées ont été acheminées en avion depuis l’autre bout du monde, leur impact logistique global restera conséquent. Il est donc important de faire le choix de partenaires vertueux, impliqués dans la décarbonation de leurs processus.

• Le taux de réussite des premières livraisons 

De même, si vos livreurs doivent effectuer plusieurs passages à la même adresse, faute de présence de vos clients, votre impact sera multiplié. Prendre en compte les horaires d’ouverture des points de livraison dans votre planification de transport, permet de réduire le nombre de passages. Vous pouvez même aller plus loin et ajouter une étape de prise de rendez-vous.

• Le lieu de livraison

Selon une étude de l’ADEME, les livraisons en points relais ne sont pas nécessairement plus vertueuses que les livraisons à domicile, si le consommateur doit prendre son véhicule pour aller chercher le colis final.  L’important est de proposer des lieux de livraison proches des consommateurs, tout en décarbonant le dernier kilomètre.

• Les comportements humains 

En formant les chauffeurs à l’éco-conduite, vous pourrez également réduire jusqu’à 10% les kilomètres parcourus et les émissions de GES, selon l’ADEME. L’agence de la transition écologique expose les bénéfices de l’éco-conduite, en voici quelques uns :  

– diminuer votre vitesse de 10 km/h sur l’autoroute permet d’économiser entre 3,5 et 4,5 litres de carburant selon la motorisation et le type de véhicule. Le trajet est légèrement plus long. Ex : Lyon – Paris > 18 minutes de plus
– ne pas pousser le régime moteur pour économiser jusqu’à 20 % de carburant
– conduire sans à-coups pour jusqu’à 20 % de carburant par rapport à une conduite agressive en ville

Une fois ces leviers directs et indirects identifiés, il faut pouvoir les utiliser à l’avantage de votre chaîne logistique et de votre empreinte carbone, en mettant en place les bons indicateurs de performance éco-logistiques.

Quels indicateurs éco-logistiques suivre pour l’évolution de ses émissions de
transport ?

Les principaux indicateurs utilisés permettent de calculer le taux de CO2 sur une distance donnée, pour être en mesure ensuite d’établir l’empreinte carbone de la livraison elle-même. Ces calculs permettent de réaliser l’état des lieux des émissions à un moment donné, puis d’établir une trajectoire vers une politique de transport plus vertueuse, en évaluant les variations des émissions selon les modes de transport choisis.

Se baser sur les leviers d’actions : 

• Le chargement des véhicules: 

Évaluer le taux de remplissage par camion afin de suivre plus précisément son taux d’émissions.

• Les kilomètres parcourus 

Évaluer le nombre de kilomètres moyen par véhicule ou par opération, ainsi que le nombre de kilomètres total. Le taux de chargement va directement influer sur cette donnée. Un camion bien rempli, c’est autant de kilomètres en moins à parcourir pour la livraison des colis.

• Évaluer le CO2 généré

Les deux indicateurs précédents ont une influence directe et positive sur vos émissions de CO2. Toutefois, il est possible d’aller plus loin en évaluant votre empreinte carbone moyenne selon différents critères:
– par tonne
– par kilomètre parcouru
– par expédition
– par colis ou unité de commande 

Les émissions de GES peuvent ensuite être rapportées en KgCO2e ou gC02e et pourront être ventilées par :
– zone géographique
– mode de transport
– agence ou filiale
– produit transporté, par exemple KgCO2e /véhicule transporté pour une société de distribution de voitures, ou gCO2e pour une entreprise de distribution de colis

Digitaliser et utiliser ces KPIs comme moteur de la décarbonation 

Si les possibilités de mesure sont importantes, il n’est pas évident de récupérer les données correspondantes et surtout de les faire suivre en interne, pour modifier durablement sa politique de transport. C’est là que la digitalisation entre en jeu et offre un appui solide pour vos collaborateurs. 

Faire de la décarbonation un défi collectif
Il est important de faire de cette quête un défi collectif. Les sujets de logistique et de décarbonation doivent s’inviter aux Comités de Direction. La décarbonation des transports va s’imposer par la réglementation et peut devenir un facteur de coûts important, si elle n’est pas anticipée. Il vaut donc mieux prévenir que guérir et faire de la décarbonation un sujet différenciateur, qui permettra de s’approprier les obligations légales et de satisfaire les consommateurs et partenaires.

Consolider les données grâce à l’IA
Digitaliser vos plans de transport vous permettra de récupérer les données nécessaires au calcul de vos émissions de CO2. La centralisation des données dans un outil va les valoriser.  La digitalisation permet de se rendre compte de l’utilité des données à renseigner correctement pour gagner en efficacité. Mettre en place un outil de simulation ou d’optimisation va inciter vos équipes à définir ou redéfinir les processus. Créer le jumeau numérique de votre réseau peut donc s’avérer essentiel pour consolider vos données, prendre en compte l’ensemble de vos contraintes et permettre aux planificateurs de développer une approche beaucoup plus collaborative et alignée, quelle que soit l’agence concernée. C’est un élément non négligeable dans le suivi de vos KPIs éco-logistiques, pour être certains que les résultats sont fiables et correspondent à la réalité du terrain. 

Passer à l’action
Savoir est important, mais agir l’est tout autant. Aussi, il est recommandé de se faire accompagner par des organismes compétents. L’AUTF, la FNTR , L’ADEME et OnePlanete sont notamment au côté des chargeurs et transporteurs, pour les orienter et leur indiquer la voie et les démarches à suivre pour décarboner. Le programme Eve, soutenu par ces trois premiers organismes, accompagne sur 3 ans les entreprises du transport dans la réduction de leur impact énergétique et environnemental. Des labels ont également été mis en place pour certifier ces démarches de décarbonation : FRET21 pour les chargeurs, EVCom pour les commissionnaires et ObjectifCO2 pour les transporteurs. 

À travers son outil, DCbrain permet aux transporteurs, chargeurs, et commissionnaires de transport de respecter les engagements de décarbonation définis au sein de ces programmes, grâce à la simulation des différents leviers d’action et l’estimation de leur impact en suivant les KPIs éco-logistiques suivis. Dans un monde où tout s’accélère, vous pourrez ainsi prioriser les actions concrètes à mettre en place en fonction de leur efficacité et de leur coût ou facilité de mise en œuvre, et définir votre roadmap de transformation.  La visibilité que vous apporte l’IA dédiée à votre cœur de métier facilite le suivi de vos KPIs et accélère la réduction de votre impact environnemental. L’outil vous donne aussi la possibilité d’aller plus loin dans le suivi de vos indicateurs clés en évaluant votre empreinte carbone totale (tCO2), votre efficacité écologique (kgCO2/t marchandise) et le coût carbone. 

“Optimiser c’est massifier, réduire ses coûts et sa dépense d’énergie. Pour ça, les outils digitaux offrent de formidables capacités de gains”, expliquait Pierre Lupoglazoff, Chef du programme EVE, lors du BRAIN UP “Comment faire de la hausse des coûts de transport une opportunité pour décarboner ? ” 

Les contraintes législatives à venir en termes de décarbonation sont nombreuses. Toutefois, il existe de nombreux leviers de décarbonation : optimisation des taux de chargement, réduction de kilomètres parcourus, report modal, réduction des emballages, etc. L’important est d’être en mesure d’en faire ressortir les bons KPIs éco-logistiques pour piloter sa trajectoire green. Ainsi, vous serez capable de répondre aux attentes des donneurs d’ordre, eux même challengés par des consommateurs de plus en plus sensibilisés aux enjeux environnementaux.  Définir vos indicateurs “décarbonation” est un prérequis crucial pour optimiser dynamiquement la planification de vos transports et en mesurer l’impact.